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Fin de l’aide à l’achat vélo : oui et alors ?

Le vélo, souvent mis en avant dans les politiques publiques de mobilité. Aides à l’achat, infrastructures, … Mais à partir du 14 février 2025, l’État met un coup de frein brutal : toutes les aides pour l’achat d’un vélo sont supprimées.

Faut-il s’inquiéter ? Pour les élus et techniciens en charge des mobilités locales, la question mérite d’être posée. À l’heure où les territoires cherchent des alternatives à l’autosolisme, où en est réellement le développement du vélo ? Et surtout, quelle suite donner à cette suppression des aides ?

Le grand écart des politiques publiques : un coup d’accélérateur, puis un freinage sec

Petit retour en arrière : en 2023, le Plan Vélo et Mobilités Actives 2023-2027 annonçait 250 millions d’euros par an pour encourager la pratique du vélo en France. Parmi les mesures phares, les aides financières à l’achat ont permis à des milliers de ménages de passer au vélo, qu’il soit musculaire, électrique, cargo ou adapté aux personnes en situation de handicap.

Et pour cause : entre 2017 et 2022, 10 millions de vélos ont été achetés en France (Commissariat général au développement durable, 2022). Le VAE, lui, s’est imposé comme le véhicule électrique le plus vendu en France, représentant 43% des ventes de véhicules électriques (Source : Union Sport & Cycle, Observatoire du Cycle 2023).

Mais voilà que, dans un contexte d’économies budgétaires, le Gouvernement annonce la suppression totale des aides à compter de février 2025 (Décret officiel). Une décision dénoncée par l’Alliance pour le Vélo, qui pointe une incohérence politique (Communiqué de l’Alliance pour le Vélo, 5 décembre 2024).

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Fin de l’aide à l’achat vélo : oui et alors ? 3

Montage CVTCM basé sur la grille des aides à l’achat d’un vélo.

Une aide supprimée, mais un vrai levier de mobilité territoriale

Les aides à l’achat, c’était bien plus qu’un simple coup de pouce. Elles avaient un rôle clé pour inciter à la pratique du vélo, notamment en milieu périurbain et rural, où le coût d’équipement reste un frein majeur.

Pourquoi c’était utile ?

  • Réduction des coûts d’achat : jusqu’à 3 000€ pour un VAE et 1 000€ supplémentaires pour les habitants des Zones à Faibles Émissions (ZFE) ;
  • Favoriser l’accès au vélo pour les ménages modestes et les territoires où l’offre de transport est limitée ;
  • Encourager le report modal : moins de voiture, plus de mobilité active ;
  • Diminuer la pollution (gaz à effet de serre, particules fines, bruit) ;
  • Favoriser l’action en faveur de la santé.

Car oui, si 51,1% des ménages français possèdent un vélo (Insee – Enquête Budget de Famille, 2017), tous ne sont pas en état de rouler, ni adaptés aux trajets domicile-travail.

15 millions de Français sont en situation de précarité de mobilité

Le Baromètre de la Mobilité de Wimoov révèle que de plus en plus de personnes renoncent à des déplacements essentiels (emploi, santé, sociabilité) en raison du coût des transports. Supprimer ces aides, c’est potentiellement freiner l’essor du vélo pour ceux qui en ont le plus besoin mais c’est surtout contribuer au maintien dans la précarité sociale d’une partie de la population.

Un vélo, c’est économique… à condition d’avoir les moyens d’investir !

Le vélo a un coût d’achat 10 à 20 fois inférieur à une voiture et des frais d’entretien quasi inexistants. Mais encore faut-il pouvoir se l’offrir !

Les prix moyens du marché :

  • Vélo musculaire : 550 €,
  • VAE : 1 960 €,
  • Vélo cargo à assistance électrique : 4 200 €…

En face, une voiture coûte environ 6 000 €/an en moyenne (carburant, entretien, assurance, etc.).

Un exemple concret ?
Un trajet quotidien en voiture de 13 km (distance médiane domicile-travail en milieu rural – INSEE 2023) coûte 9,10 € par jour (moyenne du Prix de Revient Kilométrique – PRK cher à nos services fiscaux). À l’année, ça représente un coût d’environ 1 900 €. C’est une belle somme qu’on ne mesure d’ailleurs souvent pas sauf ponctuellement en passant à la station-service ou chez le garagiste… Une manière de baisser ce poste de dépense pour ceux qui ne peuvent pas télétravailler : passer au covoiturage ou au vélo. Sauf que sans aide, passer au vélo peut être compliqué !

Fin des aides = fin du vélo ? Pas si vite !

Si l’État se retire du jeu, les collectivités locales peuvent reprendre le flambeau.

Les alternatives à envisager :

  • Mise en place d’aides locales, comme le proposent toujours de nombreuses collectivités ;
  • Soutien aux dispositifs de location longue durée pour éviter le frein du coût d’achat ;
  • Développement des infrastructures cyclables pour lever le principal frein des usagers : la sécurité ;
  • Incitations financières par les entreprises pour aider les salariés à passer au vélo avec la mise en place d’un forfait mobilités durables (FMD) avantageux ;
  • Utilisation de certains services comme Moovance ou Vazy proposant des récompenses financières aux usagers optant pour des modes de déplacement bas carbone.

Le vélo, un écosystème à soutenir !

Supprimer l’aide à l’achat, c’est retirer un maillon important du développement du vélo. Mais ce n’est pas une fatalité !

L’avenir du vélo ne repose pas uniquement sur des aides financières, mais sur un écosystème plus global (comme l’illustration ci-dessous le montre) :

  • Aménagements cyclables,
  • Stationnement sécurisé,
  • Éducation et sensibilisation,
  • Aides locales et incitations territoriales ou applicatives.
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Source : ADEUPa, publication « Aménagements cyclables quelques bonnes pratiques », 2021, en ligne : https://adeupa-brest.fr/system/files/publications/fichierjoint/446_ObsN7_amenagements_cyclables_web.pdf

Chez Mobhilis, on en est convaincus : le vélo a encore un bel avenir. Reste à voir qui donnera le prochain coup de pédale !

Et vous ?
Votre territoire propose-t-il des aides locales pour l’achat d’un vélo ?
Quels leviers utilisez-vous pour encourager la mobilité active ?


Sources citées :


Co-rédaction : Nicolas BOURGEAIS, chargé de projets mobilités actives et durables ; Thomas BROSSEAUX, chargé de communication.

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